Motion de soutien du Ladyss au laboratoire PACTE

Motion de soutien du Ladyss au laboratoire PACTE

30 mars 2021 0 Par Igor Babou

Le Ladyss, le laboratoire dans lequel je mène mes recherches, a publié cette motion :

Le Ladyss exprime son soutien ferme et entier soutien aux trop nombreux collègues qui sont attaqués pour avoir exprimé de différentes manières leur attachement aux libertés académiques et s’être engagé dans des recherches sur les inégalités et les rapports de domination qui structurent les sociétés.
Nous adressons en particulier notre soutien au laboratoire PACTE et à sa directrice Anne-Laure Amilhat Szary, non seulement agressées verbalement, mais elle-même menacée de mort. Comme l’écrit PACTE « parler d’“islamo-gauchisme” est un débat initié par l’extrême droite et aujourd’hui repris de façon abusive et instrumentalisée par des membres du gouvernement. Ce mot fait un amalgame opportuniste entre d’une part analyser scientifiquement les discriminations à l’œuvre dans la société et, d’autre part, faire le lit du terrorisme. Ce terme n’est en aucun cas un concept scientifique. »
Ne pas laisser les sciences humaines et sociales mener leur recherche, selon une pluralité de méthodes, de concepts et de paradigmes, mettre en pâture des chercheuses et des chercheurs en dénigrant le caractère scientifique de leurs travaux au prétexte qu’ils dénoncent des ordres en puissance, est contraire aux principes qui régissent notre société, et notre République.
Nous associant à nombre de laboratoires et instances collégiales de l’ESR, nous dénonçons l’insupportable climat qui règne suite aux propos des Ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, unanimement dénoncés par les instances représentant notre profession.
Nous pourrions considérer que cette logique de petites phrases insidieuses n’est là que pour détourner l’attention du rejet massif exprimé depuis un an par la profession sur l’orientation actuelle que prend la politique en matière d’enseignement supérieur et de recherche, maltraitant l’emploi, les conditions d’étude, les libertés académiques et l’indépendance de la recherche.
Mais ces attaques sont d’une gravité extrême, elles libèrent des forces délétères qui habitent nos sociétés. Elles visent d’abord une partie critique des SHS, puis progressivement toute la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il est grand temps que nos plus hautes autorités, à commencer par les ministères de tutelle et le CNRS aient non seulement les mots, mais aussi les actes pour défendre les chercheurs et les chercheuses, et l’indépendance de la recherche qui sont des ferments de la démocratie.