« Météo des forêts » : un journalisme de propagande libérale masqué derrière un semblant de préoccupation pour l’environnement
2 juin 2023
Libé nous informe aujourd’hui de la mise en place d’une « météo des forêts » prévenant des risques d’incendie. L’article se conclue par un paragraphe d’anthologie que je recopie ici :
«90% des incendies sont d’origine humaine et plus de la moitié proviennent de gestes bêtes : du mégot, du barbecue, de la meuleuse», rappelait récemment le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Plus il fait chaud et sec, plus la végétation peut prendre feu, et plus l’incendie peut se propager.Le réchauffement climatique aggrave ces risques. Des températures supérieures à 30 degrés, combinées à un taux d’humidité dans l’air inférieur à 30% et un vent de plus de 30 km/h, sont souvent citées par les professionnels comme étant les plus susceptibles d’occasionner des départs et des propagations rapides de feux. La «Météo des forêts» est établie par Météo-France «à partir des observations et prévisions de plusieurs paramètres météorologiques (la température, la pluie, la force du vent, l’humidité de l’air) et de l’état de sécheresse de la végétation».
Ce paragraphe de conclusion naturalise des faits fondamentalement politiques et fait peser sur les individus ce qui devrait être dénoncé comme relevant de l’inaction politique criminelle de nos gouvernements depuis des décennies de déni climatique. Alors que seules deux toutes petites phrases dans tout le texte évoquent le changement climatique, l’ensemble de l’article fait croire au lecteur que les incendies seraient finalement produits par les incivilités ou négligences individuelles. Mais ce qu’il faudrait dire c’est que ces incivilités et négligences, qui ont toujours existé, ne deviennent problématiques au point de nécessiter une « météo des forêts » que depuis que les politiques publiques se caractérisent par une absence totale de prise en compte des alertes écologiques.
L’incivilité majeure, c’est celle de l’actuel gouvernement (et de ses prédécesseurs, n’oublions pas les crapules écocidaires qui se sont succédé à a tête du pays depuis des décennies). Ce ne sont pas les mégots et barbecues qui produisent une recrudescence des incendies en France et dans le monde : c’est le capitalisme industriel, l’agro-industrie, les lobbies et syndicats d’agriculteurs productivistes, l’industrie des énergies fossiles et nucléaires, les économistes libéraux et les médias aux ordres du capitalisme industriel. Pas les « humains », donc, et encore moins les gens en général, mais un ensemble de politiques publiques et de médiations discursives dénoncées depuis des décennies par les mouvements écologistes qui subissent de plus en plus la répression policière et le déni médiatique. Cet article est un exemple caractéristique de propagande libérale masquée derrière un semblant de préoccupation pour l’environnement.
