Séminaire de recherche « Confrontations de savoirs » (2017-2018)
5 octobre 2017Proposé et animé par Igor Babou (université Paris Diderot, CERILAC) et Joëlle Le Marec (université Sorbonne Paris 4-Celsa, GRIPIC)
Séminaire commun au master recherche « Journalisme, culture et communication scientifiques » (Paris Diderot) et au magistère «Communication» (master 2) (CELSA Paris 4)
Le séminaire est ouvert au public (collègues et doctorants, professionnels, etc.) dans la limite des places disponibles.
Le lundi de 9h30 à 11h30, au CELSA : 77 Rue de Villiers, 92200 Neuilly-sur-Seine, métro Pont de Levalois-Bécon. Salle R06
Télécharger le pdf de présentation du séminaire (affiche et programme)
Présentation du séminaire :
Dans l’espace public médiatique, ainsi que dans les institutions culturelles ou territoriales, de même que dans divers contextes de la vie sociale ordinaire, les savoirs sont l’objet de confrontations. L’idée de « confrontation » est ici à prendre dans un sens large, c’est à dire non seulement sous l’angle de la conflictualité (l’exemple des controverses étant le plus classique), mais également sous celui du débat d’idée, des contradictions entre cadres normatifs, des jeux d’acteurs, voire des collaborations entre personnes et groupes sociaux. Loin de s’imposer par leur rationalité, les savoirs nécessitent tout un appareillage social, discursif et matériel pour être simplement reconnus comme tels. Par ailleurs, les légitimités des détenteurs de savoirs sont engagées dans le cadre de pratiques et d’interactions. Dans ce séminaire, on examinera, sur des bases empiriques, des situations où des savoirs se confrontent : savoirs scientifiques, bien entendu, mais aussi savoirs journalistiques, savoirs des sciences humaines et sociales, des Lettres, savoirs d’expertise, savoirs locaux, savoirs pratiques, etc. Interroger les savoirs dans les interactions de la vie sociale ordinaire ou institutionnelle permet d’éviter toute réification de la notion de « savoir », et impose également de mettre à distance – autant que faire se peut – nos ethnocentrismes et autres « grands partages » fondateurs.
Modalités du contrôle des connaissances : 100% contrôle continu.
La participation orale aux débats du séminaire (prises de paroles spontanées, rigueur de l’argumentation, formulation des questions, etc.) sera évaluée.
Date | Salle | Séance
Donné à titre indicatif : susceptible de changement |
09.10.17
9h30-11h30 |
Celsa | Joëlle Le Marec (PR, Université Sorbonne Paris 4, GRIPIC) et Igor Babou (PR, Université Paris Diderot, CERILAC) : Introduction : confrontations de savoirs. |
10.10.17
9h30-11h30 |
Celsa | Jean Foyer (Chargé de Recherche CNRS, ISCC) : « La climatisation des savoirs traditionnels »
Cette présentation explore comment la question des savoirs traditionnels des populations autochtones est entrée dans le champ de la gouvernance climatique ces dernières années en proposant une généalogie de cette « climatisation ». Sur la base d’observations ethnographique durant la COP21, on reviendra sur les trois grandes narratives qui lient changement climatique et savoirs traditionnels : celle du victime/héro résilient, celle de l’intégration des savoirs et enfin, celle de l’écologie sur-naturelle. |
30.10.17
9h30-11h30 |
Celsa | Igor Babou (PR, Université Paris Diderot, CERILAC) : « L’atelier politique de la nature. Des Grands Partages à l’expérience sensible »
Quelle cosmopolitique mettre en œuvre pour penser l’environnement tout en y intégrant, de manière juste et démocratique, ses habitants ? On partira du constat de l’échec de la rationalité et des institutions Modernes à construire une relation harmonieuse entre les sociétés, les savoirs, les cultures, la politique et les milieux naturels, et de celui la remise en cause contemporaine des Grands Partages constitutifs de cette rationalité, pour en tirer les leçons éthiques, épistémologiques et politiques nécessaires. Il s’agira de promouvoir une conception sensible et attentive à l’agentivité du vivant, non seulement lors de la mise en œuvre des enquêtes en sciences sociales, mais également pour tenter de repenser les politiques de la nature. En décalage avec les approches portées par la sociologie de la traduction pour qui le renouvellement de l’enquête et des politiques de la nature est pensé sur des bases logocentriques, c’est une conception empiriste et pragmatique, ancrée dans l’expérience concrète de terrains ethnographiques souvent interdisciplinaires, qui servira de point de départ à cette réflexion. |
13.11.17
9h30-11h30 |
Celsa | Thomas Grignon (doctorant, Université Paris 4, GRIPIC) :
« Confrontations, hybridations, instrumentalisations des savoirs dans le conseil en communication »
Dans les mondes professionnels de la communication, l’institution des savoirs et savoir-faire du communicant est aujourd’hui l’enjeu de luttes et de négociations, entre des acteurs divers, aux intérêts souvent hétérogènes. A partir d’une enquête ethnographique, menée dans le cadre d’une convention CIFRE au sein d’une agence de conseil en relations publiques, cette présentation interroge les médiations à travers lesquelles sont définies, stabilisées, ajustées… les normes qui régissent les pratiques professionnelles. Le récit de quelques situations empiriques permettra de discuter des interactions complexes entre les modèles implicites de l’expertise dans les métiers, les modèles instrumentaux impliqués par l’innovation et les modèles théoriques construits par la recherche. |
27.11.17
9h30-11h30 |
Celsa | Joëlle Le Marec (PR, Université Sorbonne Paris 4, GRIPIC) : « S’inspirer du public pour une réflexion contemporaine sur les savoirs »
Le retour sur un ensemble de recherche menées sur la condition du public dans les musées et les zoos me permet de discuter du contraste, troublant, entre le sens commun du public comme cible ou consommateurs usagers et la condition du public, condition dans laquelle s’éprouve et s’exerce une sensibilité à la fois ouverte et scrupuleuse à une pluralité de régimes de vérité. Je souhaite ici mettre l’accent sur l’énigme que constitue le renforcement constant de visions scientistes et pauvres du public comme « population » à étudier et la proximité entre les rapports aux savoirs observés dans l’enquête auprès des publics et les rapports aux savoirs qui sont débattus en études de sciences contemporaines. |
04.12.17
9h30-11h30 |
Celsa | Mathias Girel (MCF, Département de Philosophie, Ecole normale supérieure) : « Science suspecte et production volontaire de l’ignorance » |
11.12.17
9h30-11h30 |
Celsa | Julie Bouchard (MCF, Université Paris 13, Labsic) : « Des classements académiques médiatiques aux configurations de valeurs de l’enseignement supérieur »
L’étude de l’émergence des classements académiques médiatiques (cam) en France dans les années 1970-1980, analysée dans une perspective média-centrée, consiste à entrouvrir la boîte noire de cette production médiatique devenue aujourd’hui habituelle. Elle montre que les cam ne résultent pas de la toute-puissance dont disposerait a priori la presse mais de sa capacité a posteriori à enrôler dans cette coproduction, entre le conflit et la coopération, des acteurs et des institutions d’autres espaces, en particulier des espaces politique et académique. Comment la production des classements académiques médiatiques a-t-elle émergé au carrefour des rapports d’interdépendances entre ces trois espaces ? C’est ce que notre intervention mettra en lumière dans un premier temps. Puis, pour aller au-delà du constat de la prolifération et de l’extension de la production des classements, le concept de configuration(s) de valeurs sera proposé et utilisé pour rendre compte des réseaux organisés et donc des ordres ou des structures de l’évaluation et de la formation des valeurs qui articulent ensemble entités évaluées, méthodologies, sources d’information, critères et valeurs. Trois configurations de valeurs seront identifiées : la configuration de valeur d’opinion, la configuration de valeur de productivité, la configuration de valeur d’activité. |
08.01.18
9h30-11h30 |
Celsa | Jocelyne Porcher (DR, INRA, Montpellier, UMR Innovation) : « La recherche sur la relation homme / animal d’élevage en contexte de controverse » |
15.01.18
9h30-11h30 |
Celsa | Marie Roué (Directrice de Recherche émérite, CNRS/MNHN, Laboratoire d’éco-anthropologie et ethnobiologie, Membre de l’équipe spéciale sur les connaissances locales et autochtones de l’IPBES) : « Rencontres et confrontations de visions du monde éloignées : des artefacts muséaux et des Indiens, des savoirs environnementaux des uns aux sciences des autres »Cette présentation portera sur deux points de l’analyse des savoirs locaux : tout d’abord, la confrontation, ou le dialogue, entre sciences, savoirs locaux et même savoirs citoyens a déjà commencé, institutionnellement et académiquement, depuis une trentaine d’années. Où en sommes-nous ? Que peut en dire aujourd’hui une anthropologue qui a travaillé dans les arènes où l’on traite de biodiversité et de conservation et où l’on affirme aujourd’hui tenir compte de tous les systèmes de savoirs ? Enfin, la dimension culturelle sera abordée à travers le processus de rapatriement des objets culturels et sacrés des Ilnuatsh de Mashteuiatsh, au Québec. |