Des requins et des hommes : médiocrité du débat public médiatique à La Réunion et enjeux politiques de l’environnement

Des requins et des hommes : médiocrité du débat public médiatique à La Réunion et enjeux politiques de l’environnement

6 août 2012 6 Par Igor Babou

“Watson et le requin” par Copley (1778)

Retour de vacances : les unes de presse et les articles des blogs d’information réunionnais me sautent littéralement à la figure. Les requins, bien sûr. Aujourd’hui même, reprise du thème par la presse nationale : dans Libération comme dans Le Monde, et plus encore sous la plume des journalistes locaux, les requins « attaquent » les hommes. On parle de « risque », le pathos dégouline dans les commentaires, on s’y invective aussi : des camps se forment, à grands coups de catégorisations stéréotypées. Passent pêle-mêle les « écolos » (forcément « bobos », et forcément inattentifs à la douleur des familles et au respect de la vie humaine…) ; les « scientifiques (qui, forcément, « trainent » pour mener des recherches « inutiles et couteuses »…) ; la réserve marine (qui a forcément été  imposée « d’ailleurs » : ici, l’étranger à combattre et à dénoncer est simple et toujours disponible, c’est la métropole, source de tous les maux réunionnais…) réserve marine qui, même si personne n’a la moindre information à son sujet, est forcément la clé du comportement des requins puisqu’elle leur sert forcément de garde-manger et les attire ; les politiciens qui, forcément, tapent du poing sur la table, et réclament de l’action et non plus de la concertation… Accumulation sidérante de clichés : le spectacle et le bruit médiatique et politique, là où un peu de silence aurait favorisé si ce n’est la découverte d’une solution (à mon avis, il n’y en a pas), du moins la possibilité de poser le problème.

Que dire dans tout ce fatras insensé ? Faut-il vraiment prendre position dans ce bourbier ? Ajouter du bruit au bruit ? Premier réflexe : se taire, ne plus ouvrir de journal, oublier le vide sidéral du « débat » médiatique sur le net… Oui, mais quand même ! Je suis chercheur, et mon travail consiste à comprendre les relations entre l’homme et la nature, ainsi que les phénomènes de communication ! De plus, j’enseigne dans une formation au journalisme. Et par ailleurs, j’ai mené et publié une longue enquête ethnologique sur un sujet pas si éloigné, puisqu’il concernait les relations entre une société et des animaux marins sur un littoral protégé, ce qui me donne quelques connaissances, quelques intuitions et quelques lectures d’avance.

Bref, écrire pour comprendre et mettre un peu à distance, pourquoi pas. Ce billet va toutefois être un billet d’humeur : je ne peux pas faire comme si je n’étais pas en colère quand je lis la presse réunionnaise. Je ne vais pas adopter le ton de l’universitaire qui aurait mené un terrain et qui pourrait analyser des faits sociologiques et exposer des logiques empiriquement observées (j’ai tout de même lu une bonne partie des articles portant sur les requins depuis 2011) mais je vais tenter d’ouvrir quelques pistes, en attendant qu’un ou une étudiant(e) accepte de faire une véritable enquête sur le thème des requins et des hommes à La Réunion. Et je vais, puisqu’on parle de mer, dériver : vers d’autres thèmes, de fil en aiguille, pour ne pas en rester aux requins, mais en profiter pour explorer quelques aspects de ce que je perçois de la société réunionnaise. Modestement tout de même : je n’y vis que depuis un an !

Un « risque » requin ?

Première remarque, d’ordre lexical, mais qui a des répercussions sur le contenu des débats : la presse, reprenant les propos de certains politiciens, évoque le « risque » requin. A ma connaissance, le terme de « risque » relève d’un champ lexical de type probabiliste. Le mot « risque », « désigne un danger, un inconvénient plus ou moins prévisible » […] c’est « l’éventualité d’un événement futur, soit incertain, soit d’un terme indéterminé qui causera un dommage » (Le Robert).

« Risque » est donc utilisé dans le cas qui nous occupe comme un synonyme du mot « danger ». Mais c’est un synonyme qui n’est pas anodin. Car derrière l’idée probabiliste d’un risque, c’est-à-dire d’un événement pouvant intervenir de manière occasionnelle, le discours politico-médiatique gomme l’essentiel : en lieu et place d’un risque, on a en réalité une certitude, celle que l’océan Indien et plus particulièrement les côtes réunionnaises ont toujours été peuplées de très nombreux requins et qu’il a toujours été dangereux de s’y baigner. Plusieurs textes anciens, remontant au XVIIIème siècle, en attestent. Voir par exemple ce site qui en cite plusieurs. « La mer tout à l’entour de l’île est remplie de requins, ce qui fait que l’on n’oserait s’y baigner » indique ainsi un Rapport de la Compagnie des Indes en 1708.

Un saut sur le site Gallica de la BNF, et une recherche à travers quelques récits de voyage, le confirment aisément. La présence de requins dangereux pour l’Homme à La Réunion est une évidence ancienne, que le mot « risque », mis à la place de celui de « danger », a pour tâche, semble-t-il, de faire oublier. Comment interpréter ce fait discursif ? Sans doute, du point de vue des politiciens, s’agit-il de vendre « l’île intense » tout en l’expurgeant de toute intensité, de tout danger : l’île intense doit être sous contrôle pour que l’on puisse y consommer une intensité sans risque, une intensité gérée, destinée au marché du tourisme, simple réservoir d’aménités, jolies plages et doux cocotiers. L’océan indien transformé en vaste piscine à vague, en somme…

Par ailleurs, personne pour le moment n’insiste sur les conduites à risque, en particulier dans les milieux sportifs, conduites qui font pourtant l’objet d’une psycho-sociologie spécifique. Pas plus que ne sont cités les nombreux travaux sociologiques sur la notion de « risque », en particulier dans le domaine des relations entre sciences et société, ou dans celui des questions environnementales.

Un débat public médiocre et un journalisme sans investigation

Les journalistes ont sans doute mieux à faire que lire les sociologues. On ne pourrait les en blâmer… du moins s’ils produisaient un minimum de travail d’investigation, ce qui n’est pas le cas. Les articles que j’ai pu lire, dans les sites web de la presse locale, sont d’une indigence affligeante : simples reprises de propos vagues, mis en forme vaguement dans une langue approximative. Aucune enquête approfondie digne de ce nom, ni sur le milieu des surfeurs, ni sur le travail des biologistes, ni sur les connaissances dont on dispose aujourd’hui sur les effets d’une réserve marine sur l’écosystème, etc. Pas d’interview de biologistes du domaine, pas d’interview de sociologues du sport – les uns et les autres étant pourtant présents à La Réunion -, et surtout aucun savoir mobilisé. On se contente la plupart du temps de quelques micros trottoirs (« les habitants de Saint Paul pensent que… »), des sempiternelles citations du surfeur de service qui en appelle à sa mémoire sans que le journaliste ne vérifie quoi que ce soit (« depuis 1967,je n’ai jamais vu ça »), et surtout on ressasse la parole des politiciens, dont les propos sont repris à satiété, comme s’il s’agissait de parole d’évangile. La polémique est elle-même citée en boucle, la presse se transformant alors en chambre d’écho de son propre discours. Le reste relève de la rumeur, d’un bla-bla indigne de toute rigueur argumentative.

Il faut attendre un article du Monde (rubrique « Planète » du 1er août 2012) pour voir les premiers chiffres évoquant – sans source citée cependant – des statistiques correspondant aux décès dus aux requins dans le monde. Première bribe d’information factuelle, pouvant être utilisée pour raisonner.

On assiste finalement à une réduction des raisonnements à des facteurs simples et isolables : comme si le fonctionnement d’un socio-éco-système aussi complexe que peut l’être celui d’un littoral ouvert au tourisme, politiquement géré et proche d’une réserve marine, pouvait se résumer à quelques causalités uniques et uniformes quant à leurs effets. Inévitablement, tout cela favorise le gros bon sens populaire et les recettes démagogiques.

Le débat public médiatique réunionnais  est médiocre, même s’il n’a guère à envier à celui de la métropole. Je ne dis pas que, par nature, les journalistes locaux seraient incompétents. Ils sont comme leurs collègues métropolitains enserrés dans un système qui leur interdit tout véritable travail d’information, en partie à cause des conditions structurelles de production de la presse (urgence constante, smicardisation des journalistes, faible diversité des supports de presse, idéologie du marketing, incapacité à saisir la complexité des phénomènes, méconnaissance des publics et des enjeux culturels de la communication, etc.). Un retour réflexif sur les formations au journalisme serait également indispensable, en particulier dans ma discipline, qui a formé une partie du champ professionnel français, et qui n’a pas forcément à en être fière.

Dépasser les raisonnements simplistes et penser la complexité

De quoi parle-t-on en fin de compte, autour de ces « attaques de requins » ? Et qu’oublie-t-on d’essentiel ? A mon sens, ce qui importe, c’est de comprendre la situation actuelle comme une situation d’interaction entre deux (ou plusieurs) espèces, et surtout de ne pas la réduire à une seule des composantes de l’interaction. On ne devrait pas parler d’attaques de requins, mais d’une situation d’interaction entre des requins et des usagers de la mer (surfeurs, mais aussi politiciens, opérateurs de tourisme, pêcheurs, scientifiques,  etc.). Quand j’ai travaillé avec des biologistes sur les attaques de goélands sur des baleines en Argentine, et sur les répercussions sociales de ce phénomène, les biologistes n’ont commencé à poser le problème correctement qu’à partir du moment où ils ont adopté un raisonnement probabiliste portant sur les rencontres entre les deux espèces animales. Et de mon côté, je n’ai avancé dans la compréhension des problèmes environnementaux qui se posaient à cet endroit qu’à partir du moment où j’ai réussi à décrire la situation en termes d’interaction entre trois espèces (goélands, baleines et humains) et en situant précisément ces interactions dans leur contexte à la fois historique, anthropologique, topographique et discursif. Autrement-dit, il s’agit de dépasser les raisonnements causalistes simplistes et de penser des agencements entre des phénomènes intentionnels (choix politiques et économiques, jeux d’acteurs, migrations de populations, déchets de la surpêche, etc.), des phénomènes structurels non intentionnels (topographie d’un territoire, adaptation d’espèces animales à un environnement qui change, effets de la division du travail dans les entreprises d’éco-tourisme, etc.) et des phénomènes discursifs (lois sur l’environnement, discours sur le développement durable et le tourisme balnéaire, discours et genres médiatiques, imaginaires sociaux et littéraires, etc.).

Ensuite, on ne part pas de rien en ce qui concerne la réflexion sur les relations conflictuelles entre les humains et certains animaux. En 2009, la revue Ethnologie française a ainsi consacré l’un de ses numéros aux « Animaux de la discorde » : rats qui prolifèrent, oies bernache qui envahissent les jardins au nord des USA et au Canada, loups dans les zones urbaines en Suède, etc. On peut aussi penser aux ours canadiens qui agressent les passants dans les grandes villes, à la recherche de nourriture dans les poubelles. La situation réunionnaise n’est pas une exception scandaleuse qu’une saine et virile politique d’extermination des requins permettrait de résoudre en deux temps trois mouvements. Partout sur la planète, les humains empiétant sur les territoires des animaux (extension des villes au détriment des campagnes, développement de l’éco-tourisme, sports de nature, etc.) entrent en concurrence avec d’autres espèces. Partout, à force de modifier ou de détruire des équilibres fragiles, et de prétendre intervenir politiquement et scientifiquement sur des territoires, on se heurte aux conséquences non intentionnelles de nos actions. Et partout, à peu près dans des conditions similaires, se déclenchent des polémiques médiatiques et des débats publics autour de la question du « risque ».

Tout cela ne constitue pas des phénomènes inconnus, ni radicalement nouveaux : un minimum de culture ethnologique, historique, communicationnelle ou environnementale permettrait, a minima, d’éclairer la décision publique, et de faire oublier les mirages des solutions simples, rapides et efficaces basées sur le volontarisme politique. La plupart du temps, il n’y a pas de solution éthique et équilibrée qui permettrait à la fois de respecter la biodiversité et le patrimoine naturel en même temps que de sauvegarder telle activité économique, ou tel usage culturel d’un territoire. On sait d’avance qu’il y aura du conflit, de la négociation, et donc des gagnants et des perdants. Et s’il n’y a pas de solution éthique, c’est parce que nous nous heurtons à des problèmes que les discours sur le développement durable masquent, intentionnellement ou non, mais qui laissent croire que le développement (à la fois économique et démographique) serait compatible avec le respect de l’environnement, pour peu qu’on « gère » rationnellement la planète. Ce que j’ai pu comprendre de mon expérience ethnologique en Argentine, c’est qu’en réalité l’expression « développement durable » est un oxymore, une contradiction. Et je suis loin d’être le seul à m’en être rendu compte : le forum de l’association Nature-Sciences-Société Dialogues, qui réunit régulièrement des centaines de spécialistes d’environnement et de développement, a même débuté sur ce constat lors de son édition de 2011, à Paris (écoutez en particulier l’enregistrement de la table ronde “Le développement durable, une idée dépassée ? “). Il ne peut pas y avoir de développement durable si on entend par là une politique de croissance économique qui serait à la fois respectueuse de l’environnement, des identités culturelles et d’un fonctionnement démocratique sain : le développement est avant tout une prédation, une consommation. Consommation par les forts des territoires, des ressources ou des cultures des Autres, en général des plus faibles. Le développement, cette « croyance occidentale » pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Gilbert Rist, est une idéologie. C’est l’idéologie qui légitime actuellement et depuis bien longtemps la dynamique de destruction opérée par le capitalisme à l’encontre des cultures et des écosystèmes au seul profit de l’économie marchande.

Une enquête intéressante sur les interactions entre les requins et les humains à La Réunion n’aurait une chance d’aboutir à un résultat pertinent que si elle prenait en compte la multiplicité et l’hétérogénéité des médiations (sociales, matérielles et symboliques) qui construisent cette relation : pas uniquement des surfeurs face à des requins, mais un ensemble d’acteurs économiques et politiques qui vendent le développement durable depuis des années comme une solution éthique et équilibrée au lieu d’affronter la contradiction qui existe entre développement (économique et démographique) et respect de l’environnement et des cultures humaines. C’est pourquoi, il y a peu de chance qu’une solution pérenne et responsable soit trouvée si on se contente de marquer des requins et d’en mener l’étude du point de vue de la seule biologie marine. Seule une enquête interdisciplinaire approfondie et longue, portant sur l’ensemble des interactions mises en jeu, ainsi que sur les discours d’accompagnement du capitalisme vert, pourrait déboucher sur une connaissance pertinente. Et encore faudrait-il que les acteurs de cette interdisciplinarité n’oublient pas, ce qui est souvent le cas dans ces contextes de recherche, d’être critiques.

Ce serait long, difficile et incertain : voilà les seules certitudes que l’on peut avoir sur la manière d’analyser la situation réunionnaise de manière pertinente.

Un enjeu politique : développer une infrastructure intellectuelle

J’aimerais terminer par une réflexion au moins aussi problématique et inévitablement imprégnée d’enjeux idéologiques que celle qui précède. Si l’actuelle démagogie politicienne est possible et si fréquente en matière d’environnement à La Réunion, et si le « y’a qu’à faut qu’on » arrive à s’exprimer si souvent et si ouvertement, en rencontrant un écho si favorable, alors cela fait aussi partie du problème. Car si le champ politique et journalistique peut se contenter de discours aussi simplistes, c’est que dans l’entourage personnel, institutionnel et politique de celles et ceux qui propagent ces idées, personne ne doit avoir l’idée de les critiquer ou de les refreiner. En tant qu’enseignant, je suis par ailleurs frappé par le manque d’esprit critique qui existe chez une bonne partie des étudiants. Tout cela est bien entendu intuitif, et ne repose sur aucune enquête, mais il me semble que ces deux phénomènes que je perçois, dans la pratique, concordent : tout peut être dit à La Réunion, et son contraire également, et la jeunesse de cette île n’est pas encouragée culturellement et socialement à exercer son esprit critique. Il me semble que La Réunion manque encore de ce que j’appellerai une « infrastructure intellectuelle » solide. L’université ne forme pas assez d’intellectuels critiques. Elle forme beaucoup trop – et elle légitime avant tout – des professionnels, compétents dans des métiers précis. C’est certes nécessaire compte tenu du taux de chômage important dans l’île. Mais c’est une réponse à court terme, qui ne peut que renforcer le problème à résoudre : celui de l’aliénation. Car former des professionnels (ingénieurs, techniciens, journalistes, professionnels du droit, de la communication, du travail social, etc.) ne permet pas aux étudiants formés d’intervenir à haut niveau dans la société réunionnaise, ni de se constituer en « penseurs » de l’avenir, en inventeurs de leur futur. Une jeunesse formée techniquement, n’est pas une jeunesse formée à penser l’avenir : elle n’est qu’une jeunesse ajustée, conformée, usinée, de manière à occuper les emplois que ses aînés ou les dominants d’aujourd’hui lui auront laissé, lui auront désigné.

« Telle est ta place : travaille et accepte ton sort, car le monde est tel qu’il est et nous ne le changerons pas ! » semble dire l’université à sa jeunesse. Former des techniciens (de la science, de la culture, de l’information, de l’informatique, de la communication, du marketing, etc.), ce n’est pas préparer l’avenir d’une société : c’est se baser sur le monde tel qu’il est pour faire en sorte que rien ne change jamais des rapports de domination.

J’ai une tout autre conception du rôle de la connaissance dans une société, à La Réunion ou ailleurs : la connaissance est subversive ou n’est pas. Elle n’a d’autre but qu’elle-même, et c’est là son principal intérêt : ne servir à rien. Car servir, c’est toujours servir les intérêts de quelqu’un. L’université peut former des techniciens, des ouvriers, pourquoi pas. Je suis moi-même passé par des formations de ce type. Mais elle doit aussi faire tout son possible pour former des intellectuels critiques, et diffuser des connaissances sans objectif utilitariste. Ces formations existent, mais sont minorées et mal connues dans toute la société réunionnaise : il s’agit des formations à la recherche par la recherche. Même si je suis assez critique à l’égard de certains aspects de l’université et des sciences humaines et sociales, je reste persuadé que les formations de haut niveau d’exigence critique, telles que le doctorat, sont un bon moyen d’introduire dans une société des gens qui, progressivement, pourront en changer la nature car ils auront acquis les outils conceptuels et pratiques qui les aideront à penser par eux-mêmes tout en s’insérant dans des collectifs. C’est une des conditions structurelles pour espérer, sortir – peut-être ! – du cycle délétère de la démagogie, du clientélisme, et des rapports de domination tout en se donnant les moyens d’inventer un futur où les activités humaines seront compatibles avec leur environnement naturel et culturel.