Le Laboratoire Ecologique Zéro Déchet a fermé ses portes à Pantin. Réflexion sur certaines impasses des stratégies de lutte écologistes.

Le Laboratoire Ecologique Zéro Déchet a fermé ses portes à Pantin. Réflexion sur certaines impasses des stratégies de lutte écologistes.

18 avril 2023 0 Par Igor Babou

Le Laboratoire écologique Zéro déchet (LEØ), à propos duquel j’ai publié un livre aux éditions Eterotopia, vient de fermer, et c’est un désastre non seulement pour les ami.es et camarades de lutte ainsi que pour les précaires (jeunes maman exilées avec leurs enfants) qui y vivaient, mais aussi pour l’ensemble du secteur associatif qui dépendait de ce lieu pour mener un ensemble d’activités écologiques, solidaires, sportives, féministes, etc.

Le LEØ est maintenant en attente d’un nouveau lieu, mais il faut vraiment dire à quel point les collectivités territoriales (et notamment la ville de #Pantin, son maire #BertrandKern et son équipe municipale #PS et #EELV) ont été en dessous de tout dans cette affaire, en ne lui apportant aucun soutien : pour une mairie qui se présente comme de gauche, écolo, solidaire et féministe, c’est vraiment honteux.

J’ai aussi été très déçu de constater que les collectifs écologistes en lutte qui avaient bénéficié du soutien du LEØ, notamment #ExtinctionRebellion, n’ont pas daigné remuer le petit doigt (du moins à ma connaissance, et je ne demande qu’à être détrompé).

Cela pose selon moi un problème majeur de stratégie de lutte pour le mouvement écologiste. Car si on ne peut que se réjouir des grandes mobilisations et luttes comme celle à Sainte Soline contre les #mégabassines, il reste que des luttes plus discrètes et qui passent en dessous des radars médiatiques, ne sont pas assez défendues.

Un squat écologiste comme le LEØ, qui a tellement fait pour l’écologie populaire (il y en a si peu en France !), aurait du être défendu avec plus d’ardeur, car sinon cela signifie que l’activisme écologiste se résume à un activisme de confrontation et qu’il n’accorde pas d’attention aux constructions politiques qui se réalisent dans les lieux autonomes.

Or, s’il faut évidemment lutter contre des grands projets inutiles et imposés, il faut également, et avec la même force, lutter pour un autre monde, plus vivable, plus ouvert et plus démocratique : ça ne se fera pas sans tester concrètement des hypothèses quant à l’organisation politique de la vie quotidienne, sans essayer des modes de vie alternatifs, et sans rallier les milieux populaires et les banlieues. C’était justement ça l’expérience du LEØ. Une expérience qui, en raison de ce lien avec les banlieues pauvres de Paris et avec des milieux racisés, allait (de ce point de vue) plus loin que ce qui s’est fait ailleurs et qui a été tant médiatisé (je pense aux ZAD, notamment, même si je ne veux surtout pas qu’on pense que je les critique ici. Mais les ZAD, en raison de leur implantation le plus souvent rurale, n’ont pas fait de lien avec les banlieues).

Je suis persuadé que le LEØ saura rebondir, et j’espère que mon livre y aura contribué.
En attendant, disons merde à la mairie de Pantin, merde à l’État français et à ses lois dégueulasses, et merde aux politicien.nes de la fausse gauche. Et souhaitons surtout un nouveau départ et une nouvelle vie au LEØ et à son écologie populaire et libertaire.

Plus d’infos sur le LEØ ici :
http://www.eterotopiafrance.com/catalogue/l-ecologie-aux-marges/
https://reporterre.net/Les-squats-pallient-l-incompetence-de-l-Etat-a-prendre-soin-des-plus-precaires
https://www.lemediatv.fr/articles/2023/pour-une-ecologie-populaire-appel-contre-les-faux-semblants-et-le-marketing-des-alternatives-ecologiques-uebN0Ej7TEmVWTPfpmLVpQ