Appel à contribution pour le Colloque « La presse alternative – Entre la culture d’émancipation et les chemins de l’utopie » (Lyon 19-20-21 janvier 2012)
6 juin 2011Comité organisateur :
Mimmo Pucciarelli (CEDRATS, Lyon), Alan Marshall (Musée de l’imprimerie de Lyon), Anne Catherine Marin (Archives Municipales de Lyon), Joëlle Le Marec (Centre Norbert Elias), Igor Babou (Centre Norbert Elias)
Colloque Presse Alternative (pdf)
Depuis sa naissance la presse a joué un rôle fondamental dans la vie des sociétés, autant dans le cadre des processus de démocratisation que comme facteur d’endoctrinement, en particulier dans les sociétés non démocratiques. L’histoire de la presse papier, et plus récemment celle de la presse en ligne, est directement liée à ce qui a été décrit par Habermas comme l’émergence et le développement d’un espace public en Europe à partir de la fin du XVIIème siècle. Au sein de cet espace public médiatique, ont également émergé des formes de contestation, parfois radicales, des ordres établis. Cette presse, souvent qualifiée d’ « alternative », de « progressiste », ou d’ « utopiste », nous intéresse quand elle porte des valeurs d’émancipation et de progrès social, ou quand elle s’oppose aux divers mouvements réactionnaires des XXe et XXIe siècles. C’est volontairement que nous laissons de côté, dans le cadre de cet appel à contribution, les réflexions tout aussi légitimes qui porteraient sur une presse « alternative » à celle dominante, mais qui serait réactionnaire ou d’extrême droite.
Cette histoire de la presse alternative progressiste est également celle des imaginaires qui ont pris vie autour de quelques visionnaires, des mouvements sociaux, des conceptions de la culture, de la création du lien à la nature, des sociabilités et du vivre ensemble. Le monde de la presse a vu fleurir de nombreuses feuilles qui ont accompagné les revendications d’une démocratisation des institutions, et les appels à des changements radicaux considérés comme utopiques. Une multitude de productions imprimées ont attaqué sans relâche la pensée dominante, dénoncé les autoritarismes, rendu compte des multiples expérimentations dans l’engagement quotidien : anti-militarisme, anti-autoritarisme, vie communautaire, féminisme, libération sexuelle, syndicalisme révolutionnaire, écologie, non-violence, solidarité internationale et la « contre-culture » en général.
On peut cependant d’un côté interroger le rôle de la presse alternative anti-autoritaire en se demandant si la multiplication des espaces publics critiques ou marginaux de fait ne contribue pas au maintien des statu quo idéologiques. Et de l’autre, si elle ne risque pas, parfois, dans ses modes d’organisation de reproduire certains des effets de fermeture et des rapports de domination contre lesquels elle lutte.
Ces publications, tantôt restées confidentielles, tantôt devenues des revues ayant pignon sur rue ont généré des formes d’organisation, des rapports à l’écriture, des esthétiques, qui ont pu incarner très directement des rêves, des colères, des visions du monde. Les recherches graphiques leur étant associées, comme cela arrive souvent avec les courants d’avant-garde, ont bouleversé les formes mais aussi les contenus. En outre, les technologies domestiques ont permis de développer des productions non industrielles avec une efficacité remarquable: ronéo, photocopieuse puis imprimantes domestiques.
Chercheurs académiques et militant-e-s étudient ces phénomènes, mais exploitent également les fonds patrimonialisés dans des musées, des centres d’archives, des centres associatifs, contribuant ainsi à en identifier et en rééditer un grand nombre. C’est cette histoire et ces pratiques associatives et institutionnelles de recherche, de collecte, d’exploitation, et de réinvention que nous cherchons à interroger dans ce colloque. Ensuite, nous souhaitons interroger en quoi la présence constante de cette pensée, et de ces écrits, a contribué à la mise en circulation d’une culture émancipatrice et d’un imaginaire utopique, et à son éventuelle reprise plus large dans la société. Enfin, nous pointerons le caractère non exclusivement « marginal » de ces pratiques d’expression qui se sont également développées au sein des institutions, et dont la description historique dépend, aujourd’hui, d’institutions patrimoniales et culturelles. L’enjeu sera également pratique : comment faire en sorte que les centres de documentation alternatifs et les institutions publiques (et/ou privées), dédiées à maintenir vivante cette mémoire, puissent chacun avec leur propres moyens et selon leur sensibilité, enrichir la documentation concernant cet important segment de la création culturelle ?
L’appel à communiquer est ouvert aux chercheurs de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales ainsi qu’aux acteurs ayant participé à la création et la vie d’une ou plusieurs publications que compte cette presse et pouvant témoigner de leur pratique. Nous attendons des communications ancrées historiquement et anthropologiquement et nous sommes ouverts à toute proposition articulant le local à l’international.
Les axes de questionnement du colloque pour lesquels le comité scientifique attend des propositions sont les suivants :
- Histoire et formes de la pensée utopique dans la presse alternative
- Graphisme, mise en page, pratiques éditoriales
- Moyens et environnements techniques
- Lieux et institutions de la presse alternative
- Dimensions locales et internationales
- Les formes de l’engagement
- Les usages et les publics
- Les processus de patrimonialisation
Les propositions, de 1500 signes à 3000 signes, sont à envoyer avant le 2 septembre 2011 à :
Mimmo Pucciarelli, CEDRATS : mimmo.pucciarelli@laposte.net
Joëlle Le Marec, ENS Lyon : jlemarec@neuf.fr
Adresse et contact téléphonique : CEDRATS – 27, montée Saint-Sébastien, 69001 Lyon – 0478299067