En colloque sur la sémiotique à Liège du 13 au 15 septembre

Résumé : Nous présenterons la manière dont des trajectoires de recherche ont été structurées, dérangées ou reprises par les enquêtes ethno-sémiotiques, considérées ici comme des situations qui mobilisent directement une attention intense à des processus de signification englobant aussi bien des textes et des discours que des actions et interactions, des représentations, des alliances et des conflits, des normes et des savoirs guidant l’action, etc. Ces significations peuvent par ailleurs renvoyer à d’autres échelles de temps ou d’autres cadres sociaux, sédimentés dans des temps antérieurs aux enquêtes.

Un ensemble d’enquêtes successives ou simultanées, menées, dans des environnements lointains ou très proches, impliquant des êtres autres qu’humains ou bien des collègues et des collectifs familiers, ont été vécues et pratiquées dans des terrains définis comme espaces et temps de rencontres avec autrui (et non comme phases techniques de prélèvement de matériaux). Les situations d’enquête nécessitent d’être sans cesse représentées, racontées, partagées ailleurs, avec des chercheurs et chercheuses eux-mêmes et elles-mêmes tenaillé.es par les expériences auxquelles iels se prêtent. Nous pensons notamment ici à celles et ceux qui nous ont précédé et accompagnés dans ces réflexions depuis les années 90.

Les processus de signification sont à la fois les phénomènes qui sont étudiés (nécessairement, puisque c’est par l’attention à ce qui se passe que s’élabore un savoir sur ce qui compte pour soi et pour d’autres) et les “éléments” extraits avec scrupule et prudence pour être représentés et réagencés avec d’autres, notamment pour la production de cadre théoriques.

Nous revenons ici sur la sémiotique vécue et pratiquée comme démarche et comme ensemble d’expériences et d’expérimentations par l’enquête, et par la relation avec des collègues, en partant donc d’un ensemble de recherches et dialogues. Nous suivrons leur déploiement dans ces trajectoires différentes, avec l’idée qu’il n’y a ni cumul ni standardisation des approches mais au contraire, spécification et différenciation. La production théorique est mise en tension permanente : elle ne résulte pas simplement d’un cumul et d’une intensification des expériences vécues dans l’enquête, mais aussi des divergences et des efforts pour constituer politiquement ces divergences en une pluralisation authentique des formes de recherche.