Paris Diderot rompt les contrats de deux doctorants pour des raisons absurdes : misère de la recherche en contexte d’autoritarisme bureaucratique

Paris Diderot rompt les contrats de deux doctorants pour des raisons absurdes : misère de la recherche en contexte d’autoritarisme bureaucratique

14 novembre 2018 0 Par Igor Babou

Deux doctorants, l’une en sociologie, l’autre en physique, viennent de voir leur contrat doctoral cassé par l’université Paris Diderot. Pourquoi ? Ont-ils démérité scientifiquement ? Ont-ils posé des problèmes éthiques dans leur recherche ? Sont-ils incompétents ou ne mènent-ils pas correctement leur travail ? Non, rien de tout cela. Cette décision est motivée, dans le cas de la doctorante en sociologie, par l’inscription d’un fait à son casier judiciaire en 2014 : “violence en réunion avec arme par destination dans une enceinte universitaire”, à savoir le jet d’un gobelet de café froid dans un verre en plastique sur des militants d’extrême droite dans l’enceinte d’une université française… Quant au doctorant en physique, d’après le tract que j’ai pu lire, il a été en état d’ébriété il y a quelques temps : hou la la ! C’est pas bien ça de boire des coups et de militer contre les fascistes ! Vite, cassons ces dangereux criminels et chassons-les de la Glorieuse Université de Paris Diderot, héritière de Vincennes et des subversions de mai 68 que la même université a pourtant célébré cette année

Une pétition de soutien à la doctorante a recueilli plus de 2000 signatures, et elle est par ailleurs soutenue activement par son laboratoire. Un texte dans un blog de Médiapart a par ailleurs fait le point sur ce cas. J’ai moins suivi le cas du doctorant en physique, mais tous ces éléments s’ajoutent à bien d’autres pour démontrer qu’au sein des universités françaises, et notamment à Paris Diderot dans son processus de dilution, voire de liquidation, dans la future “Université de Paris” (rions contre les pompeux cornichons…), c’est une gouvernance par la brutalité et par le mépris des personnels et des chercheurs qui s’est installée derrière les discours policés de la com’ d’entreprise de l’université, qui célèbre la participation, l’inclusion, le contrat win-win et toutes ces fadaises débiles.

Une raison de plus d’avoir honte de ce pays, de sa “gouvernance”, et de ses institutions universitaires qui jouent un sale rôle répressif dans un contexte où la ré-émergence des pulsions identitaires et fascistes dans toute l’Europe exigerait plus de hauteur de vue, plus de sens des responsabilités, et plus de réflexivité éthique et politique.