Petite réflexion sommaire sur la montée du fascisme

Petite réflexion sommaire sur la montée du fascisme

21 décembre 2023 0 Par Igor Babou

Quand on réfléchit à la montée actuelle du fascisme (au sens contemporain de “L’Ur-fascisme“, du “fascisme éternel” tel que le définissait Umberto Eco à partir d’une série de critères qui conviennent assez bien à ce qu’on observe en ce moment en France : le culte de la tradition, le refus du monde moderne, l’irrationalisme et le culte de l’action pour l’action, le désaccord et l’esprit critique vus comme une trahison, le refus radical de la différence, raciste par définition, l’appel aux classes moyennes frustrées, etc.), n’oublions pas quatre points importants :

1/ Macron est issu du gouvernement Hollande, du PS, donc, où sévissait déjà le fasciste Valls et tout le courant du Printemps Républicain, pas mal installé à l’université. Ce qu’on a appelé “la gauche de gouvernement” était depuis bien longtemps une droite libérale autoritaire : en témoigne la répression violente de Nuit Debout, et celle des luttes contre la loi “travail”, qui n’ont fait que préfigurer la répression sanglante des Gilets Jaunes.

2/ Macron est – en partie – une fabrication des médias socio-démocrates qui avaient peur de l’arrivée au pouvoir de la seule formation de gauche en position éligible du pays (LFI) et qui ont fait massivement campagne contre Mélenchon, en diffusant de fausses informations sur ses propos (je ne suis pas adepte de Mélenchon, mais j’ai cependant pu vérifier point par point à quel point Libé, Le Monde ou Médiapart mentaient en extrayant de leur contexte des citations à charge : du vrai travail de propagande qui n’avait rien à envier à la Pravda). Que les journalistes de cette presse viennent maintenant pleurnicher sur la montée du fascisme est indécent : qu’iels crèvent dans d’atroces flatulences gastriques !

Il y a un texte fameux de Max Weber sur le journalisme qui pointait dès 1910 les problèmes des médias français, qui fonctionnent sur l’opinion et non sur des faits, texte qui reste pertinent aujourd’hui : https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1992_num_10_51_1928). Dire qu’on forme des journalistes de non investigation et de non réflexion à l’université, avec des masters d’une absolue indigence ! J’en ai honte et je suis de plus en plus en colère à l’égard de ma discipline et de certain.es de mes collègues que j’estime structurellement responsables de la montée du fascisme.

3/ Le bloc bourgeois, de gauche comme de droite, a toujours préféré Hitler à une vraie gauche humaniste, partageuse et libertaire : il ne changera jamais, et soutiendra toujours un pouvoir autoritaire en période de crise sociale et environnementale.

4/ Cette crise environnementale, qui n’a rien d’une crise puisqu’il s’agit d’un état structurel et ancien du capitalisme industriel et agro-alimentaire, a privé le capitalisme (et sa version libérale ou néo-libérale), de toute ses justifications habituelles et rhétoriques par “le progrès” : qui croit encore aujourd’hui que grâce aux sciences et aux techniques on vivra mieux demain ? Qui peut encore prétendre que la croissance peut être infinie dans une planète finie (à tous les sens du terme) ? Autrement dit, le capitalisme n’a plus que le recours à la violence d’État pour se maintenir au pouvoir, et il va user et abuser de cette violence (police raciste et meurtrière, justice mise au pas, médias aux ordres et journalistes de plus en plus mal formés afin d’accentuer le délitement du débat public, contournement des règles démocratiques au parlement, instrumentalisation de la participation citoyenne, etc.).

Si quelqu’un a la clé de cette équation morbide pour sortir de cette nasse par le haut, et sans bain de sang, merci de m’en informer. Mais je n’ai à ce jour rien lu de convainquant.