Séminaire “Confrontations de savoirs” (2016-2017)

Séminaire “Confrontations de savoirs” (2016-2017)

19 septembre 2016 0 Par Igor Babou

Séminaire de recherche « Confrontations de savoirs »

Proposé et animé par Igor Babou (université Paris Diderot, CERILAC) et Joëlle Le Marec (université Sorbonne Paris 4-Celsa, GRIPIC)

Séminaire commun au master recherche « Journalisme, culture et communication scientifiques » (Paris Diderot) et au magistère «Communication» (master 2) (CELSA Paris 4)

Le séminaire est ouvert au public (collègues et doctorants, professionnels, etc.) dans la limite des places disponibles.

Le lundi de 9h à 11h00, à Paris 7 (numéros de salle à venir) ou au Celsa (Salle R06). Les numéros des salles affichés sur place)

Télécharger le programme (pdf)

Dans l’espace public médiatique, ainsi que dans les institutions culturelles ou territoriales, de même que dans divers contextes de la vie sociale ordinaire, les savoirs sont l’objet de confrontations. L’idée de « confrontation » est ici à prendre dans un sens large, c’est à dire non seulement sous l’angle de la conflictualité (l’exemple des controverses étant le plus classique), mais également sous celui du débat d’idée, des contradictions entre cadres normatifs, des jeux d’acteurs, voire des collaborations entre personnes et groupes sociaux. Loin de s’imposer par leur rationalité, les savoirs nécessitent tout un appareillage social, discursif et matériel pour être simplement reconnus comme tels. Par ailleurs, les légitimités des détenteurs de savoirs sont engagées dans le cadre de pratiques et d’interactions. Dans ce séminaire, on examinera, sur des bases empiriques, des situations où des savoirs se confrontent : savoirs scientifiques, bien entendu, mais aussi savoirs journalistiques, savoirs des sciences humaines et sociales, des Lettres, savoirs d’expertise, savoirs locaux, savoirs pratiques, etc. Interroger les savoirs dans les interactions de la vie sociale ordinaire ou institutionnelle permet d’éviter toute réification de la notion de « savoir », et impose également de mettre à distance – autant que faire se peut – nos ethnocentrismes et autres « grands partages » fondateurs.

Contacts :
igor.babou@univ-paris-diderot.fr et jlemarec@neuf.fr
Paris Diderot : 5 rue Thomas Mann, Bâtiment C, 75013 Paris –
Celsa : 77 Rue de Villiers, 92200 Neuilly-sur-Seine

Modalités du contrôle des connaissances : 100% contrôle continu.

La participation orale aux débats du séminaire (prises de paroles spontanées, rigueur de l’argumentation, formulation des questions, etc.) sera évaluée. Pour les étudiants du parcours recherche du master de Paris Diderot, un document (de 5 à 10 pages) présentant la manière dont le thème et les séances du séminaire seront intégrées à la problématisation du mémoire fera également partie de la note.

Date Salle Séance

Donné à titre indicatif : susceptible de changement

03.10.16

9h00-11h00

Celsa

Le Marec (PR, Université Sorbonne Paris 4) et Igor Babou (PR, Université Paris Diderot-Paris 7) et Joëlle : Introduction : la pertinence sociale de l’analyse des confrontations de savoirs.

Exploration de l’hétérogénéité des savoirs à partir de controverses contemporaines, de pratiques de travail, de recherche en projet collectif, et de trajectoire professionnelle

10.10.16

9h00-11h00

Celsa

Séance avec deux intervenants (chacun 1/2h de présentation, puis débat avec la salle)

Marine Allein (Doctorante au GRIPIC, Université Sorbonne Paris 4) : Pour une recherche d’interstices » entre « monde professionnel » et « monde universitaire.

Fondée sur l’expérience d’une doctorante ayant connu plusieurs modes de financement (CIFRE, autofinancement, ATER), cette intervention visera à discuter des bricolages épistémologiques, méthodologiques et éthiques permettant de réaliser une recherche en tension entre « monde professionnel » et « monde universitaire ». Il s’agira d’échanger non seulement sur ce que les contraintes institutionnelles font à la production de savoirs mais surtout sur les perspectives que réflexivité et sensibilité ouvrent aux apprentis-chercheurs et aux futurs professionnels.

Ronan German (Doctorant au GRIPIC, Université Sorbonne Paris 4) : La “conscience d’incertitude” dans le cadre d’un contrat CIFRE : vertu ou faiblesse ?

Dans un ouvrage intitulé Les vertus de l’incertitude, le sociologue et épistémologue Jean-Michel Berthelot insiste sur “la reconnaissance de l’incomplétude et l’appréciation du risque d’incertitude immanents aux savoirs scientifiques” (Berthelot, 2004 : 247). S’il s’agit pour un chercheur de cultiver cette “conscience de l’incertitude” (idem : 259), qu’en est-il de cette “incomplétude” et de cette “incertitude” lorsque les savoirs issus des sciences anthroposociales sont réinvestis dans le travail quotidien en entreprise (une agence de communication prestataire d’établissements culturels, dans notre cas) ? Sont-elles vues comme “vertueuses” ou comme une “défaillantes” au regard d’autres normes et cultures professionnelles avec lesquelles ces savoirs cohabitent et rentrent en relation ? Un retour sur trois années de contrat CIFRE permettra de discuter de cette tension.

24.10.16

9h00-11h00

Diderot

Igor Babou : Le bricolage comme réponse à la contradiction entre cadres d’action. La patrimonialisation du paysage à La Réunion.

La contradiction entre des cadres – normatifs ou cognitifs –  au sein desquels des personnes et des groupes doivent progresser dans l’action pour aboutir à un résultat est une version « soft » de la confrontation : zone grise située entre le conflit ouvert et le consensus non problématique, elle repose et débouche sur des productions discursives, sociales ou organisationnelles relevant du bricolage, pris au sens d’un ajustement créatif à la contradiction. Ces relations entre contradiction et bricolage seront analysées à la lumière de la construction sociale et discursive du paysage réunionnais lors de l’élaboration du projet d’inscription du parc national « Pitons, cirques et remparts » sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, et s’appuieront sur une ethnographie des pratiques d’écriture du paysage menée auprès des cadres du parc national ainsi que de certains de ses habitants.

31.10.16

9h00-11h00

Diderot

Sandrine Dupé (Docteur en anthropologie, chercheure associée au laboratoire d’éco-anthropologie du MNHN) : Se protéger des maladies transmises par les moustiques à La Réunion. Des savoirs au pluriel.

A La Réunion, les phénomènes de créolisation et les adaptations contemporaines aux crises épidémiques sont autant de lignes de force qui mettent à l’épreuve les savoirs et les systèmes interprétatifs des habitants de l’île sur les maladies transmises par les moustiques. En adoptant un point de vue panoptique (qui regarde le social depuis le pouvoir étatique), nous envisagerons les effets de politiques de santé sur des dynamiques sociales qui les dépassent. C’est aussi bien des phénomènes d’alignement des savoirs locaux sur les savoirs institutionnels qui seront analysés, que leur cohabitation, ou l’étanchéité transitoire entre des systèmes interprétatifs, en apparence incompatibles.

14.11.16

9h00-11h00

Celsa

Ghislaine Glasson Deschaumes (Université Paris Nanterre, Chef de Projet du labex Les passés dans le présent, membre associé de l’Institut des sciences sociales du politique) : Confrontations de savoirs en contexte interculturel.

21.11.16

9h00-11h00

Diderot

Céline Pessis (chercheuse indépendante) : Producteur de savoir, un noble métier ? Critiques et alternatives scientifiques dans les années 1970.

Lorsque les scientifiques évoquent leurs recherches, ils nous livrent traditionnellement un récit de découverte, de dévoilement de la Vérité. Dans l’après mai 68, une petite mouvance de scientifiques critiques opère un brusque changement de cadre discursif, en interrogeant la production de savoirs à partir de la matérialité de leurs pratiques scientifiques (appareillages techniques, financements, institutions et politiques de recherche, insertion sociale et économique des recherches, etc.). Cela les amène à s’opposer au consensus sur la neutralité des savoirs scientifiques ainsi produits.

Cette séance étudiera l’entreprise de démystification du savoir scientifique à laquelle se livrent certain.e.s de ses producteurs dans les années 1970, la critique des savoirs experts qu’ils engagent alors, et enfin les « savoirs engagés » qu’ils et elles s’emploient à produire aux côtés des mouvements sociaux de l’époque.

28.11.16

9h00-11h00

Diderot

Marie Roué (Directrice de Recherche émérite, CNRS/MNHN, Laboratoire d’éco-anthropologie et ethnobiologie, Membre de l’équipe spéciale sur les connaissances locales et autochtones de l’IPBES) : Confrontation, validation, coproduction ou hybridation entre savoirs locaux et sciences ?

Toutes ces hypothèses seront explorées, pour comprendre pourquoi et comment aujourd’hui, alors que les savoirs locaux sont de plus en plus souvent légitimés par des conventions internationales, le problème de la légitimité et de la confrontation des savoirs se pose toujours. L’un de ces systèmes de savoir peut-il valider l’autre ? Est-ce concevable éthiquement, ontologiquement ou simplement pratiquement ?

Nous conclurons en développant brièvement les conclusions qu’un livre que nous préparons sur la coproduction des savoirs a mis en évidence : à quelles conditions et dans quelles circonstances cette collaboration respectueuse des savoirs est-elle possible ?

05.12.16

9h00-11h00

Celsa

Laurella Rincon (Conservatrice du patrimoine, ministère de la Culture et de la Communication) : Patrimoine, interculturalité et confrontations de savoirs.