Solidarité Kenya

Solidarité Kenya

7 avril 2015 0 Par Igor Babou

kenya_0Les horreurs succèdent aux horreurs. Ces jeunes étudiants morts d’une manière tellement affreuse, au Kenya, assassinés sans aucune raison ! En tant qu’universitaire, je ne peux évidement qu’être bouleversé, même si je n’avais jamais mis les pieds dans cette université et n’y connaissais personne. Mais ces gens-là m’étaient évidemment proches par leur métier et leurs pratiques.

Mais passé l’émotion, absolument légitime, que faire et que dire ? Tous, nous sommes confrontés à l’incompréhension. Le pire serait d’analyser cela en termes de “barbarie” : non, les ignobles assassins qui ont massacré près de 150 jeunes étudiants au Kenya ne sont pas des barbares, et c’est bien cela qui est difficile à penser. La rhétorique de l’altérité absolue, de la “barbarie”, n’apporte rien et obscurci au contraire la pensée : l’un des assassins au moins était  diplômé de l’université de Garissa, ce n’était donc pas un alien, il avait fréquenté les gens qu’il a massacré et il connaissait le campus. Tout comme les assassins de Charlie Hebdo étaient passés par nos écoles et ne débarquaient pas d’une lointaine planète, ni d’une quelconque contrée où il aurait été de coutume de boire le sang de ses victimes dans le crâne d’autres victimes.

Quant à l’explication par le terme de “radicalisation”, ou par la dénonciation des “rézosocios”, elle ressemble tellement à l’explication des effets somnifères de l’opium par sa fameuse “vertu dormitive”, que la seule chose qui reste à affirmer c’est que nous ne comprenons rien. Rien du tout…

Le fait que tant de personnes dans le monde préfèrent se faire exploser à la grenade sur des marchés, ou aller massacrer leurs contemporains, égorger leurs camarades, ou mitrailler sauvagement tous ceux qui ne s’accordent pas à la virgule près avec eux sur la lecture d’un texte vieux de plusieurs centaines d’années, plutôt que de profiter du beau temps, de la vie comme elle va, des rencontres et des camaraderies, en dit long sur l’absence de sens de la “Modernité” : faut-il que nous n’ayons rien construit de valable et que nos croyances dans le progrès soient bien vaines pour en arriver là !